La dépendance : un petit marché prometteur
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En France, l’âge moyen d’entrée en état de dépendance est de 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. A 70% caractérisé par la maladie d’Alzheimer, cet état touche aujourd’hui 1 million de personnes âgées.
A l’horizon 2020, l’espérance de vie aidant, c’est 20% de personnes en plus qui seront concernées.
Un état dont la définition est complexe
La grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupe Iso-Ressources), qui sert de référentiel pour le calcul des versements de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), permet aujourd’hui de définir six niveaux graduels de dépendance :
- Le groupe 1, ou Gir1, qui comprend les personnes âgées confinées au lit, et dont les fonctions mentales, gravement altérées, nécessitent une présence permanente, - Le Gir2 concerne les personnes âgées confinées au lit ou au fauteuil, mais dont les fonctions intellectuelles ne sont pas totalement altérées, mais qui nécessitent une prise en charge pour les gestes de la vie courante. On y retrouve aussi des personnes aux capacités cognitives altérées, mais qui ont conservé leurs facultés de déplacement.,
- Le Gir3 regroupe les personnes âgées qui, bien que leurs facultés mentales soient maintenues, ont besoin d’aide plusieurs fois par jour, pour suppléer à des pertes d’autonomie corporelle,
- Le Gir4 intègre les personnes âgées qui n’assument pas seules leurs transferts. Elles doivent parfois être aidées pour les activités corporelles, la toilette, l’habillage, ou les repas,
- Le Gir5 rassemble les personnes âgées en attente d’une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage,
- Enfin, le Gir6 se compose des personnes qui n’ont pas perdu leur autonomie pour les actes discriminants de la vie courante.
De cette grille sont tirées deux définitions : la dépendance totale, d’une part, qui regroupe les Gir 1 et 2, et la dépendance partielle, qui rassemble les Gir 3 et 4.
Un très petit marché, mais un marché remarquable
Pour mieux accompagner les dépendants, les institutions de prévoyance, les mutuelles et les assureurs couvrent actuellement 3 millions de français. Ce qui place tout de même ce marché en deuxième position au classement mondial, juste derrière les USA.
Pourtant, en comparaison, les 347 millions d’euros de cotisations représentent à peine 2,5% de ce que perçoivent les compagnies d’assurance vie.
Un frein considérable : le coût des contrats
Le marché est ardu, disent les intervenants, car les produits sont décrits par ceux-ci comme difficiles à vendre.
La raison invoquée, le prix évolue largement selon les nombreux ajustements possibles, avec une moyenne élevée, à 325 euros pour les contrats individuels.
Pourtant, la dépendance a un coût mensuel non négligeable, puisqu’il oscille entre 2000 et 3500 euros par mois (sans comparaison avec une retraite moyenne de 1300 euros ).
Dans le détail, il faut compter chaque mois 1800 euros pour disposer d’un auxiliaire de vie, 2600 euros pour un garde-malade, et entre 1400 et 3000 euros pour un placement dans un établissement spécialisé.
Un marché stimulé
Le Président de la République, qui a parlé d’un marché peu « clair », a suggéré que le risque dépendance puisse être supporté par des financements publics associés aux assurances, et fiscalement avantagé.
De quoi donner envie à de nombreux intervenants du secteur des assurances de réfléchir à de nouvelles formes de mutualisation, et de proposer des produits à la fiscalité incitative.
Des prestations à adapter
Ce serait aussi l’occasion, dans le cadre d’une saine concurrence, de faire émerger des contrats aux consonances moins « financières », avec des prestations mieux adaptées, et en nature.
En effet, le coût du maintien à domicile étant moitié moindre que celui du placement en institution (22000 euros, contre 42000 par an), les services à la personne doivent à l’avenir mieux se placer dans les contrats.
Sont ainsi attendues des prestations telles que aide-ménagère, garde-malade, télé-assistance, aménagement du domicile, portage des repas, etc.
Mais surtout, la qualité de ces services, proposés par les sociétés du même nom, n’a pas toujours brillé dans un passé récent.
Ce qui laisse aux yeux des assureurs la part belle aux sociétés d’assistance, partenaires de toujours dont l’image leur est acquise
C’est là que les compagnies d’assurance, les mutuelles et les institutions de prévoyance auront leur rôle à jouer, face aux banques qui ont rapidement pris une place importante sur ce secteur.
Car aujourd’hui, 94% des cotisations sont à titre individuel, ce qui a permis aux réseaux bancaires, par leur proximité, d’observer en 2006 une croissance de 19% de leur activité, loin devant les 2% acquis par l’assurance, ramenant les deux circuits à quasi-égalité, en termes de parts de marché.
Aux compagnies d’assurance, donc, de profiter rapidement du train des incitations fiscales promises, dès que celles-ci seront lancées.
La dépendance partielle : à améliorer
Mais un travail de fond est aussi à mettre en œuvre quant à la couverture; aujourd’hui encore, beaucoup de contrats ne couvrent que la dépendance totale, alors que l’état de dépendance partielle, qui peut perdurer, nécessite parfois de lourds investissements.
Tout concourt donc à ce que ce petit marché devienne grand, et que ses produits, soutenus par la collectivité, étendent leur couverture, et deviennent plus accessibles.
Mais il faut faire vite, car la pyramide des âges n’attend pas.
POINTS D’ACTUALITE
- Selon l’UFC-Que Choisir, la convention AERAS (S’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé) ne serait pas appliquée de façon suffisante.
La FFSA (Fédération Française des Sociétés d’Assurance) et la FBF (Fédération Bancaire Française) sont convaincus du contraire.
- Une étude réalisée par Allianz dans l’Union Européenne a révélé que la retraite est le premier sujet de préoccupation des européens.
- Les MNU, médicaments non utilisés, ne seront plus redistribués par Cyclamed, selon une décision du Parlement. Mais ramener ses MNU dans les pharmacies reste un bon geste, puisqu’il est écologique et qu’il prévient de nombreux accidents domestiques.
- Avec un objectif de 750 collaborateurs à l’horizon 2010, contre 500 actuellement, le cabinet Verlingue, un des courtiers leaders sur le marché français, est en phase de recrutement intense, avec plan de formation et d’intégration à la clé.
- Le 25 mai dernier, lors du Grand Steeple Chase de Paris, le courtier leader Gras Savoye a fêté 20 ans de mécénat et sponsoring, mené dans l’art et la santé essentiellement.
NOUVEAUX PRODUITS
- Aujourd’hui, April propose aux frontaliers français une couverture « soins de santé » en France, et en Suisse.
- L’entrée de la Banque Postale sur le marché de l’assurance dommages des particuliers a déclenché une vive réaction de la part de la FFSA, qui voit la forte implantation du réseau postal lourdement concurrencer les assureurs.
- Generali a « investi » Terrafemina, un site d’information des femmes, alimentant une rubrique consacrée à l’assurance.
- Ace Europe, avec Data Protector, propose aux PME de couvrir les risques liés à une malveillance, une panne ou une erreur de manipulation informatique, ainsi que les dépenses de communication qui en résulteraient.
- En pleine diversification, la Matmut propose maintenant à ses sociétaires une offre protection santé individuelle.