Métavers : le futur d'Internet ?

Le metaverse est la contraction en anglais des mots meta et universe. Ce qui donne méta et univers ou métavers en français. Un univers virtuel ou parallèle, où on peut interagir. Si la réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR) sont déjà entrées marginalement dans notre quotidien, dans les messageries, jeux vidéo ou simulations de décoration d'intérieur, pour Mark Zuckerberg, pas de doute, il s'agit du futur d'Internet. Pour illustrer cette volonté, le groupe a changé de nom et s'appelle désormais Meta. Selon son président, dans la présentation qu'il en a faite, nous allons vivre dans un avenir proche de vraies expériences immersives au lieu d'être de simples spectateurs derrière des écrans. On pourra interagir, sans clavier, avec sa main ou son corps, dans un univers de réalité augmentée ou 3D (avec un casque ou des lunettes 3D).On échangera et interagira en VR avec des avatars et d'autres utilisateurs. On pourra communiquer de façon hyperréaliste avec ses amis et sa famille, échanger, travailler plus facilement à distance, créer, se distraire, commercer, débarrassés de nos claviers. On pourra aussi se former. Ainsi, un étudiant en chirurgie pourra s'exercer en 3D, dans des conditions proches du réel. Le groupe Meta souhaite mettre au point des outils technologiques et les mettre ensuite à disposition des créateurs et développeurs.

Déshumanisation ?

Juste après l'annonce de Meta, le comité de tourisme de l'Islande a invité dans une vidéo parodique à venir visiter son univers, réel lui. Un " chief visionary officer " (" chef visionnaire ") reprend les codes de la présentation du président de Meta : à ceux qui " disent que ce n'est pas possible ", " nous leur disons que "c'est déjà là " en montrant un paysage. Dans " Icelandverse ", " tout est vrai " ; " c'est complètement immersif ", avec de l'eau qui mouille, de vrais humains avec qui échanger, des aurores boréales qu'on peut voir avec ses " globes oculaires "- et non des casques virtuels-… Pourquoi, en effet, s'encombrer d'une panoplie d'outils et d'infrastructures pour recréer de façon artificielle le monde qui existe déjà, en mieux ? Une autre publicité pour les conseillers dédiés de la banque CIC, est symbolique d'un risque de déshumanisation progressive vers lequel ce monde numérique pourrait nous entraîner. Un jeune homme est bloqué à une caisse automatique de supermarché et s'écrie : " Y'a quelqu'un ?" ; plus tard, il est au bout du fil avec une hot line et réclame de " parler à quelqu'un " ; dans la rue il rencontre enfin l'hôtesse d'accueil d'une galerie marchande qui s'avère être un hologramme qui ne l'écoute pas. On peut aussi s'interroger sur le bilan carbone de tous ces mégaoctets nécessaires qui voyageront dans les tuyaux, même si des innovations technologiques limiteront sans doute partiellement l'impact énergétique. Certains objectent également que sur un plan technique, le métavers n'est pas pour demain du fait des infrastructures informatiques démesurées que cela nécessiterait. Mais, même s'ils n'en parlent pas autant que Facebook, d'autres sociétés du secteur comme Microsoft ou Roblox font le même pari et travaillent aussi sur les métavers.

Alors, le métavers sera-t-il le futur d'Internet ? Si c'est le cas, cette innovation sera disruptive d'un point de vue économique et sociétal, analogue à celle d'Internet. De nombreux marchés apparaîtront et disparaîtront sans doute simultanément. En communication, de nouveaux points de contacts clients feront leur apparition. Il sera sans doute aussi nécessaire d'anticiper de nécessaires régulations. Des évolutions à suivre de près donc.