Prévenir le brown out : le défi de l'engagement des salariés
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Les événements exceptionnels de ces derniers mois et les bouleversements induits –activité partielle, télétravail- interrogent certains collaborateurs sur leur rapport au travail. Le brown out guette. Ce syndrome de la perte de sens ou d'utilité de son travail entraîne un désengagement et/ou une démotivation du travailleur. Pourtant, l'engagement des collaborateurs en période de transformation des entreprises est crucial. Quelles sont les nouvelles aspirations des équipes, comment dirigeants et managers peuvent-il y répondre pour réengager les salariés en quête de sens ? Partager des valeurs communes via des actions solidaires peut permettre de (re)donner du sens au travail
Prévenir le brown out : être plus que jamais à l'écoute des nouvelles aspirations des salariés
Maladie psychique pouvant conduire vers un état dépressif[1], le syndrome du brown out[2] aboutit à un désengagement du travail. Le travail est réalisé mais de façon mécanique sans se soucier de la qualité. Le contexte de la crise sanitaire a renforcé cette quête de sens au travail. En effet, selon le baromètre OpinionWay réalisé par le cabinet Empreinte Humaine sur l'état psychologique des salariés français, 1 salarié sur 3 déclare qu'après la crise, il cherchera un autre emploi qui a plus de sens qu'actuellement (https://empreintehumaine.com/resultats-opinion-way/) Comment réengager ses collaborateurs ? Selon les résultats de l'étude IMPACT du Céreq[3]: sur onze items proposés, pour l'ensemble des salariés, l'équilibre vie professionnelle et personnelle est la valeur la plus citée, suivie par les conditions de travail et la sécurité de l'emploi. Ainsi, écouter et identifier les nouvelles aspirations des salariés peut s'avérer un bon point de départ. Re-motivation des salariés rimera souvent avec (re)valorisation du travail fourni, par la proposition de diversification des tâches, de responsabilisation ou d'accroissement des compétences[4]. Le développement ou le maintien d'une transparence et d'une communication sur la stratégie de l'entreprise ou ses projets permettra également d'impliquer les salariés, donc de les réengager.Nouvelles aspirations, nouveau management
Les entreprises l'ont bien compris : elles doivent profiter des changements induits par la crise pour remobiliser les équipes. De nouveaux challenges s'ouvrent ainsi aux managers : faire fonctionner le télétravail pendulaire (rythme télétravail/présentiel), renforcer l'esprit d'équipe tout en maintenant un soutien individualisé auprès de chaque collaborateur. Télétravail forcé ou pas, les salariés ont dû être plus autonomes pendant la crise. Conséquence : les managers plus en retrait doivent cultiver cette nouvelle position. Place au management horizontal donc. Et les formations au management à distance se multiplient ! En effet, " cette adaptation va bien plus loin qu'un simple apprentissage de différents outils, elle touche aux pratiques managériales et à la posture " constate Emmanuelle Charrier, directrice conseil transformation et talent de Talents solutions (in Entreprises et carrière mai 2021). En outre, pour maintenir une énergie collective, il faut faire vivre le ressenti d'appartenance à l'entreprise, sa culture. " Confiance envers les équipes, reformulation, feedback et reconnaissance " sont aussi les maîtres mots selon Nelly Dubout, consultante chez Birds Conseil (in Entreprises et carrière mai 2021). Sans oublier l'indispensable bienveillance. Partager les mêmes valeurs que ces collaborateurs permet également de mieux avancer ensemble, dans la même direction.Bonnes pratiques : entreprises et salariés impliqués ensemble dans des actions solidaires
D'après une étude de la Cegos du 22 septembre consacrée à la RSE, 55 % des collaborateurs se positionnent comme promoteurs (45 %) ou militants (10 %) en la matière. La RSE apparaît donc comme un vecteur de l'engagement des équipes, ce que révèlent certaines bonnes pratiques en entreprise. Ainsi, au sein de la fondation 3M, lors de la Journée solidaire, les salariés volontaires sont rémunérés normalement alors qu'ils répondent au besoin d'associations locales sur leur temps de travail. " C'est gratifiant de savoir que nous avons été utiles. En outre, ce type de mécénat est un excellent exercice de team building ", déclare un collaborateur (in Entreprise et carrières octobre 2021). Chez Intuit, les salariés ont un crédit de 32 heures par an pour faire du bénévolat pendant leur temps de travail, dans des structures caritatives approuvées (distribution de cadeaux de Noël au côté du Secours Populaire, jeux avec des enfants hospitalisés par exemple). Rebeca Pierri, en charge du programme déclare : " on attache beaucoup d'importance à la mixité des équipes dans ces activités. C'est un très bon moyen d'amener nos collaborateurs à se rencontrer. Ils apprennent à se connaître en dehors du bureau, dans un tout autre contexte, autour d'une valeur forte portée par l'entreprise. ", (in www.greatplacetowork.fr, 9 janvier 2020). Ainsi, la crise sanitaire a renforcé la recherche de valeurs dans l'exécution du travail. Le management à l'écoute de ces aspirations sera en mesure de prévenir un éventuel brown out des équipes et les DRH pourront se tourner vers la RSE vecteur d'engagement. Un engagement indispensable des collaborateurs qui sont bien souvent au cœur de nouvelles organisations où la présence physique laisse de plus en plus sa place, ouvrant la porte d'un monde complexe.[1] Harvard Business Review " Le Brown out, ce nouveau fléau dans l'entreprise " 18/04/2019 [2] Concept évoqué pour la première fois en 2013 par l'anthropologue David Graeber à travers les " bullshit jobs ", et, plus récemment, mis en évidence en 2018 dans l'ouvrage du Dr François Baumann " Brown out, quand le travail n'a plus aucun sens " [3] " Les nouvelles aspirations des salariés ", Entreprises et Carrières n°1544 du 4 au 10 octobre 2021 [4] " Prochain défi pour les DRH, réengager les collaborateurs ", Entreprises et Carrières n°1542 du 20 au 26 septembre 2021