Skippers (chevronnés) cherchent entreprises
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Trouver des sponsors malgré la crise
Entre les circuits, les courses et les records, l'activité de la voile française se déroule tout au long de l'année. La recherche de sponsors est l'une des premières préoccupations des équipages. Cependant, le contexte économique dégradé a des répercussions sur les budgets de communication des entreprises et impacte de facto le sponsoring. En décembre 2011, moins d'un an avant le départ du Vendée Globe, le nombre de skippers inscrit était deux fois moins important que pour la précédente course de 2008 (30 inscrits).
En septembre 2012 le nombre de skippers engagé est de 20. Cette problématique impacte aussi des grands noms de la voile comme Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain qui, soit à la suite d'un changement de stratégie des nouveaux actionnaires de Foncia, soit en raison d'un " contexte économique difficile " pour Véolia, sont contraints de partir à la recherche de nouveaux partenaires. D'autres acteurs historiques de la voile comme Groupama, malgré les excellentes performances de Franck Cammas, ont décidé de diminuer leur budget voile de moitié.
Relativiser l'importance des coûts
Le budget d'une saison de course peut paraître vertigineux : 15 millions d'euros pour la participation du Energy Team des frères Peyron aux America's Cup World Series ; 17,3 millions d'euros de budget annuel pour l'équipe de Groupama ; 4,3 millions d'euros pour une saison de course pour la nouvelle classe MOD 70 et 2 à 3 millions d'euros par an pour un projet de monocoque 60 pied Open. Néanmoins, il n'est rien à côté du budget annuel d'une équipe de foot estimé à 150 millions d'euros par an.
Faire évoluer les modèles économiques
Selon Bruneau Retailleau, le président du Vendée Globe, il est temps d'enrailler l'inflation des budgets. Le prix d'un monocoque de 60 pieds pour courir le Vendée Globe a été multiplié par huit entre 1989 et 2012 pour atteindre 3 millions d'euros. Des solutions sont actuellement à l'étude pour enrayer la croissance exponentielle des budgets. Le montage de projets pluri-partenarial est une piste qui a été testée avec succès par les skippers Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), Samantha Davies (Savéol) et Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets). L'encadrement plus sévère des jauges de courses ou le recours à des monotypes (bateaux identiques) comme cela se pratique sur la classe MOD 70 sont aussi envisagées.
Apprécier les retombées médiatiques
Si le retrait total de Groupama du sponsoring sportif a été un temps évoqué, l'assureur a estimé qu'il perdrait beaucoup en termes d'image car les retombées de la voile sont très positives en France. Ce sport véhicule une image d'excellence qui engendre beaucoup de respect de la part du grand-public. A titre d'exemple, le Vendée Globe, comme le Trophée Jules Verne, touchent 56% de la population ; soit plus que les 24 heures du Mans ou le tour de France cycliste (50% selon les années). Cela explique pourquoi les entreprises qui ont saisi l'atout émotionnel de ce sport soient réticentes à quitter le sponsoring ou que d'autres s'y lance pour renforcer leur notoriété ou soutenir le lancement ou la promotion de leurs marques. L'entreprise Hugo Boss mesurait bien les retombées médiatiques lorsqu'elle a fait naviguer son monocoque dans l'axe des caméras pendant trois jours alors qu'un open de Golf en Angleterre se déroulait au bord de la mer.
Fédérer et donner de la fierté à une entreprise
La volonté de renforcer le sentiment d'appartenance des salariés vis-à-vis de leur entreprise et de fédérer des clients incite des entreprises à devenir partenaires d'un skipper. Le contrat de naming passé entre le directeur de l'enseigne Krys France et le créateur de la classe MOD qui a donné naissance à la Krys Ocean Race illustre bien cette démarche. L'objectif est atteint lorsque les entreprises ont réussi à initier une dynamique d'enthousiasme en interne et à y faire adhérer leurs clients ou partenaires! L'entreprise Akena Vérandas, dont les salariés font corps derrière le projet de sponsoring et dont les clients sont fiers de porter des blousons aux couleurs du bateau, estime que 3 à 4 points de croissance de l'entreprise sont à attribuer à leur monocoque.
Rendre visible les performances de l'entreprise
Au-delà de leur rôle de partenaire financier, certaines entreprises s'impliquent dans la construction des bateaux en mobilisant leurs ressources humaines et technologiques. C'est le cas de Safran et du groupe naval DCNS. Pour son monocoque, Safran a tenu à intégrer des technologies de pointes afin de faire profiter au bateau des transferts de technologies et d'innovations issus de l'aéronautique et de la défense. Une affinité que partage aussi DCNS avec l'Hydroptère qui bénéficie des technologies de pointes et du savoir-faire de ses équipes.
Cette lettre est réalisée par : Baudouin Despres, Géraldine Sourdot, Anne-cécile Henkes