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    Emploi et personnes handicapées

    02 June 2010

    Cette lettre est réalisée par : Muriel Doyen, Géraldine Sourdot, Delphine Guidat

    La loi du 11 février 2005 a modifié le calcul de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés imposée aux entreprises de 20 salariés et plus. Face au renforcement de cette obligation, comment les entreprises ont-elles réagi ?

    Un constat éloquent

    Selon le dernier tableau de bord sur l'emploi des personnes handicapées publié par la DARES, en 2007, 1,8 million de personnes avaient une reconnaissance administrative de handicap, reconnaissance qui leur permet de bénéficier de la loi sur l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés. Elles représentaient alors seulement 2,4% du total des personnes âgées de 15 à 64 ans en emploi.

    Plus âgées, les personnes handicapées étaient aussi moins diplômées que la moyenne de la population en emploi, puisque plus d'un tiers d'entre elles avaient une qualification d'ouvriers. Autre caractéristique, elles travaillaient à temps partiel pour 28% d'entre elles - contre 18% pour l'ensemble de la population.

    Et si l'on se souvient que, d'après la HALDE, le handicap est le deuxième critère de discrimination dans le monde professionnel - derrière l'origine - on comprend que l'emploi des personnes handicapées reste un enjeu de société majeur.

    Une insertion professionnelle difficile

    Or, selon la récente étude de l'OPCALIA* sur les pratiques d'insertion, un tiers des entreprises françaises ne comptabilisent pas de travailleurs handicapés dans leurs effectifs. Nombreuses sont celles, en effet, qui répondent à l'obligation d'emploi grâce à la sous-traitance via des entreprises adaptées ou des établissements et services d'aide par le travail.

    Lorsqu' ils sont recrutés, les salariés handicapés sont confrontés à des difficultés d'évolution professionnelle. Alors que le niveau de qualification des postes qui leur sont proposés est souvent plus bas, ils sont aussi moins formés que leurs collègues. Ainsi, seuls 3% d'entre eux bénéficient d'un contrat en alternance et rares sont ceux qui entreprennent une démarche de VAE.

    Et quand on parle aux entreprises de manque de reconnaissance des qualifications, elles répondent qu'elles ont du mal à embaucher des travailleurs handicapés parce que les compétences de ces derniers ne correspondent souvent pas aux besoins du poste proposé.

    Une évolution favorable

    Pourtant certains signes sont positifs et montrent que les choses évoluent. Ainsi, la grande majorité des salariés handicapés bénéficient d'un CDI. Certaines entreprises ont mis en place des missions handicap, d'autres ont désigné une personne relais. D'autres encore essaient d'établir des partenariats avec les écoles et les universités afin de travailler sur les qualifications et compétences des personnes handicapées.

    Bien sûr, de telles politiques sont pour l'instant l'oeuvre de grandes entreprises. Mais le dernier baromètre emploi et handicap réalisé par MissionHandicap.com, datant d'avril dernier, est encourageant. Il montre que les entreprises qui emploient des personnes handicapées sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, entre novembre 2009 et le mois dernier, les entreprises ayant des personnes handicapées dans leur effectif sont passées de 66% à 74%. Même si des progrès restent à faire, cette augmentation est prometteuse.

    * : 3e collecteur français au titre de la formation professionnelle continue, il représente un peu moins de 40 000 entreprises

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