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    Eurosatory ou le reflet des évolutions du marché de l'armement

    21 June 2012
    Cette lettre est réalisée par : Baudouin Despres, Laurent Darquin, Géraldine Sourdot
    Le salon Eurosatory a illustré l'ensemble des problématiques qui secouent le secteur de l'armement : Incertitude des professionnels du fait de la mise sous tension des budgets de défense en Europe, déplacement du centre de gravité des affaires, montée en puissance de la sécurité intérieure. Ce contexte n'a, cependant, pas impacté dynamisme des industriels du secteur.

    Un salon dynamique pour conjurer l'avenir

    Du 11 au 15 juin 2012 s'est tenu au parc des expositions de Villepinte le salon Eurosatory. Biennal, ce salon fait partie des événements internationaux incontournables destinés à l'ensemble des acteurs de la défense et de la sécurité terrestre et aéroterrestre. Comme en 2010, l'attractivité du salon ne s'est pas affaiblit malgré une très légère chute du nombre de visites, on peut noter une hausse du nombre d'exposants de 7,98% et du nombre de délégations officielles de 2,3%. Le dynamisme s'est fait sentir du côté des industriels : mini drones ultra-maniables, détecteurs de sniper, robots de surveillance et reconnaissance, véhicules blindés agiles, caméras, exosquelette,…

    Une évolution du centre de gravité du marché de l'armement

    Sur les 53 pays qui ont participé à l'évènement, en dehors des Etats-Unis qui représentent plus de la moitié du marché, il est intéressant de remarquer la présence, pour la première fois, de la Turquie, de la Corée du Sud, de la Libye, du Pakistan et de Chypre et de souligner la forte augmentation du nombre d'exposants russes, indiens, chinois, émiratis, et indonésiens. De quoi illustrer le déplacement du centre de gravité des affaires réalisé par le marché de l'armement vers l'Asie et le Moyen-Orient dont les budgets croissent de 10% par an et les dépenses militaires de 5% par an.

    Pour faire face à la concurrence exponentielle et à la crise qui frappe l'Europe il est impérieux que les industriels européens de l'armement puissent trouver de nouveaux débouchés à l'export.

    Le renforcement du thème de la sécurité intérieure

    40% des exposants ont déclaré avoir des activités duales pouvant satisfaire les besoins en matière de défense comme ceux liés à la sécurité intérieure ou privée. Certains exposants ont consacré une large part de leur surface d'exposition à la sécurité intérieure. Cette évolution vers le « Homeland Security » s'explique par les incertitudes qui pèsent sur la plupart des grands programmes d'armement ainsi que par la promesse de recettes complémentaires ou la préservation d'un chiffre d'affaires. Le secteur de la sécurité intérieure, porteur, est estimé à quelques centaines de millions d'euros pour la France et 50 milliards d'euros au niveau mondial. Les acteurs qui profitent de cette recherche de produits duaux sont les fabricants d'équipements électroniques et optroniques.

    Cette évolution vers le secteur de la sécurité n'est pas sans conséquences sur l'attrait du salon sur ses visiteurs. Le salon attire désormais des ingénieurs travaillant pour des entreprises de BTP, pétrolières, de tourisme ou de transport. En prenant l'exemple des caméras ou des systèmes de détection, ce seront les mêmes technologies, donc les mêmes industriels, qui confectionneront des produits qui, selon les destinataires seront des produits de sécurité ou de défense.

    Une nécessaire consolidation industrielle

    Face à la montée en gamme et en qualité des pays en développement, la concurrence se renforce sur le marché de l'armement. Il est donc nécessaire de structurer une industrie européenne très fragmentée. Les prochains mois nous apporterons plus d'information sur les choix du gouvernement en matière d'organisation du secteur de la défense. Nexter s'alliera-t-il à ses concurrents allemands ou italiens afin de faire émerger une Europe de l'industrie terrestre de la défense ? Renault Trucks Défense annoncera-t-il un rapprochement avec Panhard d'ici la fin juin ? Quels seront les comportements de Thales et EADS ? Quoiqu'il en soit, le ministère de la défense a affirmé, d'une part, qu'il souhaitait jouer un rôle actif dans les consolidations industrielles et que, d'autre part, son modèle était celui du gouvernement Jospin qui avait donné naissance à EADS.

    Loin des nécessités de rectifications de frontières entre grands industriel et dans un contexte marqué par des coupes dans le volet équipement du budget de la défense et une internationalisation des contrats, les PME tentent aussi de consolider leur position et de se renforcer en se regroupant dans des clusters. Tel est le sens de la dynamique du cluster Eden en Rhône-Alpes, créé par la CCI de Lyon en 2008, qui tend à se diffuser en France notamment en Bretagne et en région Centre. Ainsi, au-delà de ce que peuvent proposer le GICAT et les CCI à leurs adhérents, l'ambition première du cluster Eden est de réunir les PME d'une région qui évoluent dans le même secteur d'activité afin de mutualiser leurs ressources et compétences dans le but de sécuriser leur croissance en France et dans le monde. La signature d'une convention entre Eden et Renault Trucks Defense et d'une alliance avec un cluster allemand de même nature illustre cette volonté.

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