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    Formation professionnelle : une dynamique de marché retrouvée et de nombreux signaux favorables

    08 December 2022
    Cette lettre est réalisée par : Delphine Guidat
    , Pierre-louis Passalacqua

    Attendu chaque année, le " Jaune budgétaire 2023 " sur la formation professionnelle est paru. Annexe au projet de Loi de finances, il permet d'avoir une vision chiffrée du secteur : données financières, dépenses de formation et d'apprentissage ou encore nombre d'acteurs et de bénéficiaires. Ce dernier document porte sur l'année 2021 et fait un état des lieux d'un marché, qui avait été fortement impacté en 2020 par la crise sanitaire. Augmentation du nombre de prestataires de développement des compétences, chiffres d'affaires en hausse, dépenses croissantes, notamment grâce au CPF, attentes des entreprises : nombreux sont les signaux favorables.

    Des prestataires de formation portés par le CPF et par les dépenses directes des entreprises

    78 600 organismes de formation ont déclaré un chiffre d'affaires positifs en 2021, selon les données fournies par les bilans pédagogiques et financiers*. Ces prestataires affichent une activité en hausse de 31,7% avec un chiffre d'affaires total de 23,5 Mds€ sur la même année. Les entrées en formation ont, quant à elle, retrouvé – voire même légèrement dépassé – les niveaux observés avant la crise sanitaire.

    Cette évolution positive - Ils étaient près de 4 800 organismes de moins en 2020 - s'explique en partie par l'intégration progressive des CFA** dans le périmètre pris en compte par les BPF. Ainsi, le chiffre d'affaires des organismes bénéficiant de financement des OPCO au titre de l'apprentissage a, lui, connu une augmentation de 76% entre 2020 et 2021.

    Mais cette croissance d'activité due à l'apprentissage n'explique pas à elle seule un tel dynamisme. Premier élément mis en avant par le " Jaune Budgétaire " : une hausse considérable des dépenses réalisées au titre du CPF. Les financements de la Caisse des Dépôts et Consignations ont ainsi augmenté d'un milliard d'euros (+ 129%). Avec, comme corollaire, des formations certifiantes qui représentent une proportion non négligeable de l'activité des organismes de formation (25% des formations dispensées). Parmi les domaines les plus prisés se trouvent :

    - le transport et la logistique (le permis de conduire apparaît d'ailleurs comme la certification la plus demandée),

    - les langues étrangères

    - ou encore l'informatique.

    Les actions à destination des créateurs ou des repreneurs d'entreprise sont aussi particulièrement recherchées.

    Ayant financé le secteur à hauteur de 5 milliards d'euros, les entreprises ne sont pas en reste. Les salariés ont, ainsi, concentré à eux seuls 60% des entrées en formation en 2021 et la dépense directe des employeurs a, quant à elle, augmenté de plus de 20%.

    Diversité des modalités de formation et individualisation au cœur des besoins

    Les entreprises, sont, en effet, toujours plus conscientes que le développement des compétences est en enjeu capital dans l'accompagnement des transformations de leur organisation, comme le révèle l'enquête annuelle réalisée par le groupe Cegos***. Les responsables des ressources humaines, inquiets du risque d'obsolescence des emplois, sont ainsi près de 40% à avoir déployé des programmes de formation d'adaptation aux évolutions des postes.

    Pour les deux années à venir, les DRH français estiment que l'impact des transformations numériques, des nouveaux modes de travail ou de la question de la cybersécurité sera fort sur les besoins en compétence et doit être considéré comme un enjeu majeur. La diversité, l'inclusion et la transition environnementale sont aussi mises en avant. Compétences managériales et soft skills sont, dans ce contexte, priorisées, autour des notions d'agilité, d'organisation du travail, de créativité et d'innovation ou encore de capacité d'apprentissage.

    Malgré cet intérêt, et la mise en place de programmes, les DRH se sentent parfois démunis. 40% d'entre eux expriment même une difficulté à faire " coïncider les besoins en compétences de leur organisation et leur offre de formation ". Ils ont alors souvent le sentiment de répondre " juste à temps " à ces mêmes besoins. Sentiment d'ailleurs non partagé par des salariés, qui estiment dans leur majorité que leur employeur répond à leurs attentes en termes de développement des compétences.

    Pour remédier à cet état de fait, les professionnels des ressources humaines envisagent plusieurs solutions. Parmi celles-ci, 2 sont plus particulièrement perçues comme des évolutions nécessaires individualiser les parcours de formation et diversifier les modalités de formation proposées aux salariés. Formations mixtes, social learning, formations entre pairs ou en situation de travail, formats courts ou ludiques, toutes ces possibilités sont à regarder, d'autant plus qu'elles permettront de centrer les contenus sur les besoins propres de chacun.

    Car une autre idée phare apparaît, le développement des compétences ne peut plus être pris en charge uniquement par les entreprises. Les salariés doivent plus s'investir notamment dans leur projet de formation et s'y impliquer. Pour les DRH, c'est la clé du meilleur engagement, et pour les salariés, d'une meilleure autonomie dans le choix de leur parcours professionnel.

    * le Bilan pédagogique et financier – ou BPF – est rendu annuellement par les prestataires de formation. Il " retrace leur activité en matière de formation professionnelle au titre du dernier exercice comptable clos " (Ministère du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion)

    ** CFA : centre de formation d'apprentis

    *** Edition 2022 du baromètre international "Transformations, Compétences et Learning"

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