Pétrole : Trump ou l'art de la guerre commerciale
Dans un contexte international totalement bouleversé par les décisions politiques américaines, la cotation moyenne du pétrole brut continue sa lente remontée avec, pour le mois de mai 2019, une augmentation de +20% depuis janvier. Cette ascension des prix de l'or noir trouve son origine dans la guerre commerciale des États-Unis contre le reste du monde, avec en ligne de mire la volonté d'affaiblir le pétrole iranien et, in fine, d'affaiblir son principal concurrent : la Chine.
Les cours du baril de Brent en hausse de +20% depuis janvier 2019
En mai 2019, la cotation moyenne du baril de Brent a atteint 71,29$. Depuis le début de l'année, les cours moyens de l'or noir ont augmenté de +20%. Toutefois, cette évolution des prix est à relativiser au sens où les cours moyens du pétrole signent une baisse de -7,4% sur les douze derniers mois. Cette hausse du baril de Brent, bien que se jouant en dehors de nos frontières, se ressent fortement dans l'économie française.
Comme nous vous l'avons constaté dans notre précédente note sur l'inflation, les prix de l'énergie impactent l'indice des prix à la consommation en France. En effet, les prix de l'énergie ont augmenté en avril 2019 de +4,8% sur un an et le constat est aussi vrai pour les prix des carburants. Depuis janvier 2019, d'après les données du Ministère de l'écologie, les prix de vente HT du gazole, du sans plomb 95 et du sans plomb 98 ont augmenté respectivement de +12,3%, +27,0% et +24,9%.
Cette inflation des prix de l'énergie et des cours du baril de Brent brut est influencée et déterminée par le contexte international incertain qui règne, et dont la source de cette incertitude est incitée par la volonté du gouvernement américain de déclarer la guerre commerciale à ses principaux concurrents, en particulier l'Iran et la Chine.
Guerre commerciale : Donald Trump contre le reste du monde ?
C'est une tendance qui ne change pas par rapport à l'année dernière, le Président des États-Unis Donald Trump fait surchauffer les marchés pétroliers en raison de la bataille commerciale qu'il se livre avec le reste du monde.
En effet, le gouvernement américain se livre depuis plusieurs mois à des pressions politiques et commerciales envers les principaux concurrents, voire menaces, de l'économie américaine. Après l'acier et les métaux, le Président Trump s'est lancé dans une guerre commerciale directe face à la Chine et Huawei, nouveau leader mondial du marché des smartphones. Ainsi, en inscrivant Huawei sur liste noire, les principaux partenaires économique du géant chinois sont contraints d'abandonner leurs relations avec le constructeur chinois. A titre d'exemple des conséquences pour l'économie mondiale, si les entreprises des pays de l'Union européenne abandonnent l'idée de collaborer avec Huawei pour la mise en place de la 5G, la facture devrait s'incrémenter d'un surplus de 55 milliards d'euros pour les opérateurs de télécommunication.
Il est en de même pour le marché pétrolier où les économistes craignent de voir l'offre de brut s'assécher. Le président américain a annoncé la fin des dérogations accordées à huit pays acheteurs de pétrole brut iranien (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) le 2 mai dernier. Une décision stratégique qui vise à réduire totalement les exportations de pétrole en provenance de l'Iran pour accentuer la pression économique sur Téhéran, provoquant une hausse des cours du pétrole sur les marchés financiers.
Rappelons que, d'après le dernier rapport de l'OPEP, l'Iran est l'un des principaux producteurs de pétrole au monde. La production de Téhéran a atteint 3,5 millions de barils en 2018. Les exportations iraniennes, de l'ordre de 1,7 million de barils par jour, sont principalement allées vers la Chine (628 000 barils) et l'Inde (357 000 barils), deux pays qui ne pourront plus se fournir en Iran sous peine de sanctions américaines.